Les prétentions salariales: du rêve à la réalité
Il est bien connu que le salaire n’est pas une science exacte, mais qu’il est influencé par différents facteurs. En écoutant les jeunes et leur entourage, on a parfois l’impression que le niveau d’études est le facteur principal pour la fixation du salaire. On pense aussi souvent qu’un diplôme d’une haute école spécialisée ou d’une université donne droit à un certain salaire de départ.
Dans une recommandation salariale de la société suisse des employés de commerce, il est indiqué que l’on peut gagner jusqu’à environ 6000 francs suisses par mois avec un diplôme de bachelor et plus de 6000 francs suisses avec un diplôme de master. Ces chiffres sont souvent pris pour argent comptant par les jeunes professionnels et utilisés comme valeur fixe pour leurs attentes salariales.
Des différences régionales
Bien que les jeunes diplômés aimeraient que ce soit le cas, la réalité est malheureusement toute autre. Ce que l’on oublie surtout, c’est que ces montants ne sont que des recommandations et ne reflètent pas le marché du travail ponctuel. Le fait est que le revenu est influencé non seulement par le niveau d’éducation, mais aussi par la région, le secteur économique, la filière d’études, la responsabilité et la taille de l’entreprise, entre autres.
Un des plus grands facteurs d’influence est par exemple la situation géographique. Dans une étude salariale publiée récemment, les régions ont été prises en compte comme suit. La région 1, avec un niveau de salaire élevé, a été attribuée aux cantons de Genève et de Zurich. Les régions de Bâle, du plateau suisse, de la Suisse orientale, occidentale et centrale ont été attribuées à la région 2, qui présente un niveau de salaire moyen. Les cantons des Grisons, du Tessin et du Valais ont été définis comme région 3, avec un bas niveau de salaire. Une différence allant jusqu’à 30% a été constatée sur les salaires entre la région 1 et 3.
Un autre facteur d’influence important est le secteur économique. L’enquête suisse sur la structure des salaires, réalisée tous les deux ans par l’office fédéral de la statistique, montre de manière impressionnante les différences de salaires dans les secteurs économiques. La gastronomie, le commerce de détail ou le textile sont des secteurs économiques où les salaires sont plutôt bas. Les secteurs de la pharma, de l’informatique, des télécommunications et des services financiers sont des secteurs économiques dans lesquels les salaires les plus élevés sont versés. Pour une fonction comparable, le salaire peut varier jusqu’à 50% selon le secteur économique. Le niveau d’éducation et le domaine d’études sont bien sûr des facteurs d’influence. L’influence sur le salaire n’est toutefois pas perceptible dès l’entrée dans la vie active, mais se fait plutôt sentir au fil de la carrière professionnelle. Les titulaires d’un bachelor ou d’une formation supérieure se voient généralement confier des tâches plus complexes et exigeantes que ceux qui ont terminé un apprentissage avec un certificat fédéral de capacité. De plus, la pratique d’une ou de plusieurs langues étrangères joue également un rôle central. L’attribution de fonctions à plus hautes responsabilités a un impact sur la progression professionnelle et, par conséquent, sur le niveau de salaire.
Éviter les déceptions
En conclusion, l’entrée dans la vie professionnelle à un poste nécessitant un master ou un doctorat n’est pas à la portée de tous. Néanmoins, une bonne formation avec d’excellentes notes reste le facteur déterminant pour le poste qui sera proposé au jeune diplômé. Mais celui qui choisit une carrière uniquement parce qu’elle présente un potentiel de rémunération très élevé s’aventure du mauvais côté. Nous pensons que la carrière doit d’abord être choisie en fonction des compétences et des intérêts, et ensuite seulement en fonction du niveau de salaire que l’on peut atteindre, afin d’éviter les déceptions ultérieures.
Heinz Wiesmann et Cindy Chevrier
Oprandi & Partner