L’émotion, une clé pour s’adapter au changement

L’émotion, une clé pour s’adapter au changement

Le coeur s’emballe, une sensation de chaleur envahit certaines parties du corps, les muscles se tendent, les pensées se focalisent ou se dispersent: autant de signes physiologiques qui nous indiquent que quelque chose se passe… Nous sommes ainsi constitué-e-s et nous ressentons toutes les modifications de notre environnement. Grâce à un atout maître: nos émotions, lesquelles jouent un rôle majeur dans nos prises de décision et nos actions. Colère, joie, tristesse, intérêt, peur, fierté: les scientifiques s’accordent à dire que toutes les émotions sont utiles. Pourtant, les émotions déplaisantes ont encore bien mauvaise presse et il n’est pas rare d’entendre «qu’être positif, c’est ne pas ressentir de colère ou de peur», «que pleurer est un signe de faiblesse» ou «qu’une femme qui se fâche est hystérique».

 La valeur des émotions

Certaines émotions seraient-elles donc plus positives et bonnes à ressentir que d’autres? Auriez-vous déjà aussi fait l’expérience que certaines émotions plaisantes, comme la joie ou la fierté, pouvaient nuire dans certaines situations?

Charles Darwin a démontré que dans une logique d’adaptation, toutes les émotions ont une valeur et que chaque émotion nous apporte un message. Décoder ce message permet de s’adapter avec pertinence aux situations et de faire face aux demandes de l’environnement de manière agile.

Ceux qui ne savent pas comment repérer, différencier et utiliser les émotions, ont plus de peine à faire face aux changements que celles-ci produisent en eux, et se laissent plus facilement emporter par l’émotion et son intensité. Il suffit de penser à l’agressivité manifestée dans un conflit, à la boule au ventre lors d’un changement, ou à l’arrogance quand tout réussit trop facilement. L’intelligence émotionnelle est multifacette et se décline en plusieurs compétences. Elle inclut l’identification et la compréhension de nos émotions et de celles des autres, ainsi que leurs régulations. Que l’émotion soit agréable à vivre ou pas, lorsqu’elle est canalisée dans ses effets positifs, elle est une aide précieuse à la traversée des grandes difficultés de la vie ainsi que des petits problèmes du quotidien.

Trop souvent laissées au vestiaire, les émotions ont encore peu de place au travail, bien qu’elles soient tout aussi présentes que dans la sphère privée. Pour nous en rendre compte, il suffit de penser à la joie ressentie lorsque nous nous sentons à notre place dans une équipe ou un projet, ou à la peur de prendre la parole lors d’une séance collective.

Les cacher, par crainte des jugements et de leurs conséquences, les nier ou au contraire les laisser exploser, nous éloigne bien souvent de nos besoins réels. Au contraire, l’émotion, lorsqu’elle est pacifiée et partagée, devient un véritable outil pour piloter le quotidien. Un-e chef-fe qui sait récolter les informations de nature émotionnelle et les intégrer dans son management est souvent qualifié-e d’empathique, authentique et ouvert-e. Il-elle génère ainsi des relations professionnelles de qualité augmentée, diminue par trois les risques de burnout et contribue à prendre soin de la santé au travail. Les émotions sont une clé de lecture précieuse qui permet de poser des actions adaptées à soi, à l’autre et à l’environnement. Développer son intelligence émotionnelle devient un vrai enjeu managérial.

Si nous souhaitons pleinement exploiter toutes les émotions et les ressources qu’elles constituent, il est temps d’interroger nos croyances individuelles et collectives autant que nos réflexes émotionnels. La prise de conscience de ce processus universel est une vraie plus-value pour les organisations, les équipes et les individus qui souhaitent conjuguer bien-être et performance.

Marielle Vérot
Actaes