Temps partiel – quelles conséquences sur la prévoyance ?
Des rentes complexes à établir
Traditionnellement davantage occupés par des femmes, les postes à temps partiel séduisent de plus en plus d’hommes. Selon une récente étude du Credit suisse, le temps partiel concernerait aujourd’hui plus d’un tiers des actifs en Suisse. Le système de prévoyance actuel répond-il de manière adéquate à cette tendance? Quelles sont les questions que devraient se poser les employé-e-s concerné-e-s? Le point avec Gaël Vuilliomenet, spécialiste en assurance avec brevet fédéral et fondateur du site retraites.ch.
Le montant de la rente d’un-e employé-e n’est pas proportionnel au pourcentage auquel il ou elle a travaillé durant sa carrière: du fait de la complexité de notre système à trois piliers, comportant chacun leur mode de financement et leurs prestations propres, la projection de la rente vieillesse d’une personne qui envisage de baisser son taux de travail est ainsi complexe à établir. Obligatoire pour tout le monde, l‘AVS est le plus solidaire des trois piliers. Ici, ce sont les lacunes de cotisation plus que le taux de travail qui constituent un risque pour les assuré-e-s.
«Madame Nadine Parexemple a cotisé chaque année et son revenu annuel à 100% s’élève à 85 320 francs. Si celle-ci décide de travailler à 50% dès le début de sa carrière, sa rente AVS ne sera réduite que de 24% . Si elle réduit son taux à 20%, la réduction ne sera que de 47%. En ce sens, les pertes liées au temps partiel sont modérées», explique Gaël Vuillomenet. La situation est différente au niveau du deuxième pilier. Selon le spécialiste, en travaillant à 100%, Mme Parexemple pourrait toucher les 64% de son dernier revenu à l’âge de la retraite (en additionnant ses rentes du premier et du deuxième pilier). En travaillant à 50%, elle ne toucherait que 42% de son dernier revenu: cette baisse massive s’explique par le fait que la déduction de coordination est un montant fixe de: 24 885 francs annuels déduits du salaire, indépendamment du taux d’activité.
Enfin, comme la cotisation au deuxième pilier n’est obligatoire qu’à partir d’un salaire annuel de 21 330 frs Nadine Parexemple en serait exclue en ne travaillant qu’à 20% (même en cumulant plusieurs emplois similaires), elle ne percevrait que sa rente AVS à l’âge de la retraite: la réduction par rapport à son dernier salaire serait alors de 82%. Si le travail à temps partiel comporte des avantages en termes de conciliation entre vie professionnelle et familiale, il peut exposer les employé-e-s concerné-e-s à des lacunes de prévoyance.
Dominique Nussbaum
Société Des Employés de Commerce
Quelques conseils:
- AVS: vérifier que l’on n’a pas de lacune de cotisation (séjours prolongés à l’étranger, l’employeur n’a pas payé ses cotisations, etc.) afin de pouvoir les combler a posteriori. Un extrait peut être obtenu auprès de l’AVS.
- Effectuer des rachats auprès de sa caisse de pensions si son budget le permet.
- Pour les personnes dont le total des revenus dépasse le seuil d’entrée de 21 330 francs, mais qui ne cotisent pas au 2e pilier parce qu’aucun de leur salaire pris séparément n’atteint le seuil d’entrée au deuxième pilier: s’affilier à titre facultatif à la Fondation Institution Supplétive LPP nationale.
- Négocier une déduction de coordination réduite avec leur employeur, même si la loi ne contraint pas les institutions de prévoyance de définir une déduction inférieure en fonction du taux d’occupation.
- Compléter son capital vieillesse par une épargne facultative privée sous la forme d’un troisième pilier (jusqu’à 6826 francs par an pour les personnes affiliées à une caisse de pension), déductible des impôts.
- Faire appel à un conseiller en prévoyance privée, à même de calculer le montant de la future rente vieillesse, et de proposer des solutions adaptées pour combler les éventuelles lacunes.