Conseil de carrière
Quel est votre Ikigai?
Le terme Ikigai est un concept très à la mode, issu de la culture japonaise. Sans pouvoir en donner une traduction exacte et littérale, il peut être défini comme notre «raison d’être», «ce qui nous fait nous lever le matin». Selon le concept japonais, chacun a un ikigai caché qui lui procure une grande source de joie et donne du sens à sa vie. Cet ikigai change au cours de la vie et nécessite de s’y arrêter à différentes étapes de la vie. En ce sens, ce concept peut être appliqué à la question du travail et peut être un outil de self-coaching efficace et pertinent pour redonner sens à nos activités professionnelles.
Contrer le «brown-out»
Issu du domaine de l’électricité pour définir une baisse de tension visant à éviter une panne générale, le terme «brown-out» est utilisé par métaphore pour désigner de façon générale la perte de sens au travail. Que faire pour remédier à ce sentiment d’inutilité qui tout-àcoup peut surgir? Si vous avez de la difficulté aujourd’hui à dire pourquoi vous vous levez le matin et quelle est la bonne raison de le faire, il est temps de s’arrêter pour réfléchir. L’anxiété quant à son avenir professionnel, de fausses croyances (j’ai plus de 50 ans, je ne trouverai jamais un autre travail), viennent trop souvent parasiter cette réflexion et nous abandonnons avant même d’avoir commencé. Alors pourquoi ne pas appliquer le concept d’ikigai à votre vie professionnelle?
Qu’il s’agisse de faire le point sur votre situation actuelle ou de dessiner des projets d’avenir, la démarche est très simple et ouvre la voie à une réflexion parfois extrêmement féconde. Pour cela, croisez les résultats d’une réflexion personnelle articulée en quatre questions essentielles:
Qu’est-ce que j’aime faire?
Souvenez-vous de l’année qui vient de s’écouler… Quelles actions, activités réalisées vous ont rendu le plus heureux? Qu’est-ce qui vous a le plus motivé?
A quoi suis-je bon?
Quelle est ou quelles sont les choses pour lesquelles vous êtes réellement le meilleur?
De quoi le monde a-t-il besoin?
Quel sujet, quelle cause défendez-vous dans la vie, coûte que coûte, lorsque vous discutez avec votre entourage?
Pour quoi puis-je être payé?
Quelles tâches puis-je réaliser qui soient valorisées dans le monde du travail?
Au croisement des chemins
Ce que j’aime faire et ce pour quoi je suis doué permettent d’identifier sa ou ses passions. Toutefois, réaliser sa passion si elle ne correspond pas à ce dont le monde a besoin conduit à un sentiment d’inutilité. Ce que j’aime faire et ce dont le monde a besoin conduisent à décrire sa vocation, la place que l’on souhaite occuper. Mais est-il possible d’être payé pour cela ? Si ce n’est pas le cas, je trouverai de la satisfaction dans mes activités, mais elles ne sont pas viables économiquement. Si je fais bien ce que je fais et que je suis payé pour le faire, c’est ma profession. Mais si je n’aime pas cette activité, autrement dit, si elle ne fait pas sens, alors je risque d’être submergé par un sentiment de vide.
Finalement, si j’aime ce que je fais, si cela semble correspondre à ce dont le monde a besoin, et que je suis justement rétribué, mais que je ne me sens pas compétent dans mon activité, je peux glisser dans un sentiment de stress. Le travail autour de la notion d’ikigai, dans le cadre d’une démarche de coaching ou d’auto-coaching permet d’identifier, dans les activités actuelles, les facteurs de démotivation ou de tension. La réflexion permet également d’aller au-delà, et d’élaborer, à chaque étape de vie, un projet dans lequel il est possible de se réaliser pleinement.
Laissez une chance au hasard
« J’ai une connaissance qui, professionnellement, se trouve toujours au bon endroit au bon moment. En ce qui me concerne, cela n’a jamais été le cas: qu’est-ce que je fais de faux? »
Il est rare que la carrière d’une personne ne soit que le fruit d’une bonne décision, d’un plan parfaitement suivi ou d’un objectif déjà fixé durant l’enfance. Au contraire, lorsqu’elles parlent de leur carrière, de nombreuses personnes évoquent le hasard: des éléments inattendus, des imprévus, des erreurs et des égarements parfois amusants à l’issue heureuse. Les études indiquent en effet que le hasard joue un rôle important dans la carrière de nombreuses personnes. Cela ne signifie pas qu’il faut attendre passivement qu’un heureux hasard ne survienne, mais plutôt apprendre à aborder les imprévus de manière proactive. L’observation des éléments suivants permet d’optimiser ses chances:
L’attitude intérieure se révèle décisive
Restez ouvert-e face aux opportunités qui se présentent et considérez le hasard comme une chance plutôt que comme quelque chose de négatif.
Savoir reconnaître le hasard
En portant un regard rétrospectif sur votre parcours professionnel, cherchez quelques exemples où le hasard a joué un rôle. De quelle manière celui-ci a-t-il influencé votre carrière jusqu’à présent? Y a-t-il des moments où quelque chose de positif s’est produit sans que vous ne l’ayez planifié? Essayez d’observer les coïncidences du quotidien et exercez-vous à y prêter davantage attention.
Accordez du temps à vos intérêts
Faites des choses qui éveillent votre curiosité et qui vous intéressent. Lors de discussions, évoquez ces intérêts avec vos interlocuteurs plutôt que de vous focaliser uniquement sur les objectifs de l’entretien. Rendez-vous à des événements ou interagissez avec des personnes qui partagent les mêmes intérêts sur les médias sociaux. Gardez à l’esprit que de nombreuses opportunités se créent dans le cadre d’activités extraprofessionnelles.
Pour gagner, il faut tenter sa chance
Vous connaissez certainement cela: devant la multitude de plans possibles, vous finissez par ne rien entreprendre du tout. Laissez une chance au hasard pour que quelque chose puisse se produire: il arrive en effet qu’une solution émerge à partir d’une situation a priori peu propice. Un stage initialement à durée déterminée ou d’un cours de cuisine que l’une de vos connaissances ne voulait manquer sous aucun prétexte!
Du prévu à l’imprévu: il peut s’avérer utile pour aller plus loin de se faire accompagner par un conseiller, par exemple auprès d’un service de conseil en évolution professionnelle.
Article rédigé par Larissa Schafroth, conseillère en orientation professionnelle et de carrière à la Société des Employés de Commerce à Zurich et Aline Robert, Co-directrice Cap Conseil & Accompagnement Professionnel