La santé des travailleurs n’est pas une option

La santé des travailleurs n’est pas une option

Les employeurs ont l’obligation légale de prendre toutes les mesures nécessaires afin d’assurer la santé physique et psychique des travailleurs. Ce n’est pas une option. La digitalisation et la pandémie actuelle renforcent encore l’urgence de préserver leur santé.

Active dans l’assurance et la réadaptation, la Suva a aussi pour mission la prévention qu’elle applique pour ses assurés et ses collaborateurs.

Edith Müller Loretz, responsable du département prévention et membre de la direction à la Suva, confie quelques pistes pour une gestion de la santé en entreprise (GSE) efficace.

1. Une direction convaincue, impliquée et exemplaire

Sans le soutien de la direction, les efforts d’une GSE sont vains. Les dirigeants doivent être convaincus de la démarche, la soutenir, la vivre et lui consacrer des ressources humaines et financières. Nombreuses sont les entreprises qui intègrent aujourd’hui la GSE dans leurs axes stratégiques.

2. Considérer la gestion de la santé comme tâche de direction

L’encadrement doit être sensibilisé et formé en amont quant à l’importance du projet et les bénéfices pour leurs équipes, mais aussi pour eux-mêmes. Les responsables, proches de leurs collaborateurs, sont de précieux ambassadeurs et un relais important pour remonter rapidement les informations.

3. Analyser la situation avant d’agir

Bien cerner la situation, les dysfonctionnements, les besoins des collaborateurs et les ressources à disposition permet ensuite d’établir un plan d’action efficace sur le long terme. Cohérence et régularité sont essentielles.

4. Créer un comité GSE
La création d’un comité – idéalement composé de la direction, de représentants des RH, de la sécurité, de la communication, d’un médecin du travail – permet une meilleure acceptation du projet que si celui-ci était mené par une seule personne. La collaboration et la communication sont ainsi facilitées entre les départements. Enfin, il est important qu’une personne – interne ou externe – possède un savoir-faire en matière de GSE.

5. Impliquer les collaborateurs pour les rendre acteurs de leur santé

L’amélioration du bien-être des collaborateurs passe souvent par une modification des structures et des processus de l’organisation. Mais cela prend du temps. Une entreprise a donc tout intérêt en parallèle à encourager ses collaborateurs à devenir acteurs de leur propre santé. A la Suva, Edith Müller Loretz soutient activement le management des ressources pour rester en bonne santé. Les employés apprennent à identifier leurs ressources personnelles et contraintes afin de pouvoir faire des choix éclairés. Les cadres sont en plus formés pour repérer les signes annonciateurs de difficultés au sein de leur équipe.

6. Une approche aux bénéfices multiples

Une GSE a un impact financier positif – meilleure efficacité des employés, nette diminution des heures d’absence et des conflits –, mais elle influence aussi et surtout l’image et la réputation de l’entreprise. A préciser que les résultats les plus marquants d’une GSE (par exemple une diminution des absences) apparaissent deux à trois ans après le début des actions. Néanmoins, des effets positifs peuvent être visibles à plus court terme – les collaborateurs se sentant écoutés et considérés par la direction au travers d’une telle démarche.

7. L’importance du contexte

Un comportement sain peut certes être encouragé par des actions de prévention (soutien aux activités sportives, cours de gestion du stress, paniers de fruits, etc.) mais aussi par la mise à disposition de locaux de pause agréables, de bureaux adaptables et enfin un management acquis à l’importance de la santé des collaborateurs.

«Pour affronter la tempête actuelle et rester agiles, les entreprises doivent pouvoir compter sur des collaborateurs en bonne santé et motivés», précise Edith Müller Loretz. «Une gestion de la santé en entreprise exige certes des efforts mais les bénéfices et les effets positifs sont inestimables.»

Nadia Gendre
SUVA