L’apprentissage de commerce va subir d’importantes réformes

L’apprentissage de commerce va subir d’importantes réformes

Choisie chaque année par formation commerciale près de 14 000 jeunes, la formation commerciale initiale est depuis longtemps la formation la plus prisée en Suisse. Elle fait actuellement l’objet d’une réforme en profondeur. Responsable formation à la Société des employés de commerce (SEC), Michael Kraft en présente les principaux enjeux.

L’apprentissage de commerce a le vent en poupe: pour quelle raison fait-il l’objet d’une réforme?

Comme toutes les professions en Suisse, l’apprentissage d’employé-e de commerce est réexaminé tous les cinq ans afin de s’assurer qu’il réponde aux défis actuels. Aujourd’hui, la numérisation et les formes de travail flexibles engendrent des changements rapides et profonds du monde du travail.
L’an dernier, sur mandat de la SEC, la Haute école spécialisée de Zurich (HWZ) a publié une étude sur les futures compétences requises dans les professions commerciales qui mettait notamment en évidence l’importance croissante des compétences managériales, collaboratives, personnelles et sociales ainsi que des capacités d’utilisation des applications informatiques. Il s’agit de compétences qui s’acquièrent par la pratique. Cette étude a confirmé qu’une réforme profonde était nécessaire pour que la formation commerciale initiale reste attractive et en phase avec les défis futurs du monde du travail.

Quels seront les principaux changements liés à cette réforme?

Les acquis de la nouvelle formation ne s’articuleront plus autour des branches traditionnelles, mais autour de cinq compétences opérationnelles:

  • Travailler dans des structures de travail et d’organisation souples
  • Interagir dans un environnement de travail interconnecté
  • Coordonner des processus de tra-vail au sein de l’entreprise
  • Gérer des relations avec les clients et les fournisseurs
  • Utiliser les technologies du monde du travail numérique

Cet accent sur les compétences opérationnelles permet de coordonner de manière optimale l’acquisition des connaissances professionnelles et leur application dans le travail quotidien.

Qu’en est-il des profils professionnels actuellement en vigueur et des compétences linguistiques?

Les profils dits «élargis» (E) et «de base» (B) laisseront place à des options plus flexibles permettant de mieux tenir compte des aptitudes particulières des apprenti-e-s et des besoins des entreprises formatrices. En ce qui concerne les compétences linguistiques, l’ensemble des apprenti-e-s pourront acquérir des compétences pratiques dans deux langues étrangères, dont une nationale.

Certains acteurs craignent que cette articulation autour des compétences opérationnelles n’engendre une baisse du niveau scolaire: doit-on s’en inquiéter?

Non. Certains acteurs parlent même de suppression des branches traditionnelles, ce qui n’est pas correct. Ces branches continueront d’être dispensées, mais leur enseignement sera assuré dans le cadre des domaines de compétences opérationnelles précités. Ce sont ainsi les méthodes d’enseignement et d’apprentissage ainsi que les tâches qui changeront. L’importance de ces connaissances n’est donc pas remise en question.

Quel est le calendrier de la réforme?

Fin avril 2021, la consultation nationale lancée par le Secrétariat d’Etat à la formation, à la recherche et à l’innovation SEFRI s’est achevée. Elle a montré que la réforme est considérée comme nécessaire et qu’elle rencontre un accueil favorable. Quant aux commentaires sur son année d’introduction, ils sont très variés. Le SEFRI a décidé en conséquence de la fixer à 2023 – soit une année plus tard que prévu. Les différents acteurs disposent ainsi de plus de temps pour la planification et la mise en œuvre d’une nouvelle formation de qualité, permettant aux futur-e-s diplômé-e-s de continuer d’être recherchés sur le marché de l’emploi tout en leur offrant de multiples possibilités de perfectionnement.

DOMINIQUE NUSSBAUM
SOCIÉTÉ DES EMPLOYÉS DE COMMERCE