Managers: tous des superhéros?
La santé des collaborateurs est régulièrement abordée dans la gestion de la santé en entreprise. Mais encore trop peu d’entreprises mettent le focus sur celle de leurs managers.
La performance et l’endurance aujourd’hui attendues des managers et des chefs d’entreprise sont comparables à celles d’un athlète de haut niveau. En revanche, la gestion des exigences et des charges diffère entre le sportif et le manager.
Jean-Pierre Egger, célèbre coach sportif, et Sébastien Eich, médecin du travail à la Suva, livrent quelques pistes pour développer le mieux-être des managers et sortir du mode surmenage.
Apprendre à mieux se connaître
On ne peut pas diriger efficacement si on ne sait pas se gérer soi-même. Les managers devraient davantage prendre conscience de leur corps, apprendre à connaître leurs limites et à développer leurs ressources. Dans son ouvrage «The way to excellence», Jean-Pierre Egger préconise de prendre plusieurs semaines pour s’observer et noter sa charge subjective – physique et mentale – sur une échelle de 1 à 4 (petite, moyenne, grande et très grande). L’objectif est de contrôler si on se trouve toujours aux limites ou s’il y a bien une alternance judicieuse des charges, car le danger arrive lorsqu’on est constamment à la limite supérieure. «Aller régulièrement aux limites est essentiel pour les connaître et les déplacer progressivement. Mais il faut éviter de les dépasser!» précise-t-il.
Entraîner son endurance
«Pour durer dans l’effort, des temps forts et de la récupération doivent être planifiés. Les tâches exigeant beaucoup d’énergie devraient être alternées avec des tâches de moindre intensité. Et plus la charge de travail est importante, plus elle devrait être fractionnée avec des temps de pause», insiste Jean-Pierre Egger. «Aujourd’hui, la vie n’est plus un long marathon, mais une succession de sprints. Et le corps n’est pas conçu pour courir toute la journée sans s’arrêter.» Les managers vivent dans l’instantanéité et la réaction. Continuellement sollicités, ils épongent une urgence après l’autre et lorsqu’ils devraient être vraiment au top, ils sont souvent épuisés!
Bien dormir pour mieux diriger
«Une bonne journée débute la nuit d’avant», rappelle Sébastien Eich. Il recommande de repérer sa routine d’endormissement et son quota de sommeil nécessaire car les besoins varient d’une personne à l’autre. Un manager devrait prendre son sommeil et sa récupération au sérieux. Au-delà de l’irritabilité et du stress, la fatigue peut causer des désastres sur sa santé physique et psychique.
Privilégier une alimentation saine
Nos deux spécialistes sont unanimes: l’alimentation est un carburant indispensable pour une bonne performance et la concentration. Comme un sportif, le manager a intérêt d’équilibrer son alimentation et d’éviter les excès, car des aliments sains optimisent l’énergie et boostent le système immunitaire.
Bouger: essentiel
Pratiquer une activité physique permet de se vider la tête et de se ressourcer. Hélas, elle est souvent remplacée par des tâches en retard, un dossier à terminer avant le week-end. C’est dommage, car le sport favorise la créativité et l’imagination, utiles pour la résolution de problèmes et l’innovation.
Faire preuve de résilience
Sébastien Eich encourage le renforcement personnel des managers et bien sûr des collaborateurs. Réduire ses ambitions peut être salutaire. Tout comme éviter de penser que l’on est invincible. «Le monde du travail a encore tendance à valoriser les réussites rapides et les superhéros qui travaillent plus de douze heures par jour… jusqu’à ce qu’ils explosent.»
Les entreprises préfèrent encore investir dans le développement des compétences de leurs managers plutôt que de les sensibiliser à leur santé et leur donner des outils pour la préserver. Or, le monde du travail a besoin de leaders et de managers en forme et inspirants, capables d’encourager leurs collaborateurs à prendre soin d’eux et d’assurer ainsi la pérennité de leur entreprise. www.suva.ch/prevention
NADIA GENDRE
Responsable communication SUVA